Groupe de recherches sur l'élégie

Ce groupe de recherches part de l'état contemporain de la littérature pour interroger les formes anciennes dont elle hérite...

Programme de l'année 2004-2005

  • 1er février : L’écriture élégiaque de Jacques Chessex, par Stéphanie Caron
  • 15 mars : L’élégie dans la Grèce antique, par Pierre Judet de La Combe
  • 5 avril : L’élégie romantique, par Pierre Loubier et Aurélie Loiseleur
  • 17 mai : L’élégie latine par Anne Videau
  • 14 juin : L’élégie à la Renaissance, par Bénédikte Andersen 

Programme de l'année 2005-2006

(en préparation)


Quelques essais critiques proposés sur ce site

 

 


Jean-Jacques Rousseau


Claude Royet-Journoud

"Travailler le blanc. Le pousser. Lui donner des mots. Une table. Une main. Des objets de l'autre clarté. dans la définition. C'est pour toi c'est pour moi. Bascule. Rien ne tient. Et il finirait par le croire! Mais dans le seul. Plus loin encore que la solitude. Le seul. Là où nous marchons toujours à notre propre rencontre. Loin l'un de l'autre. Dans une voix traversée, chantée, chantante. La voix du seul"

Les objets contiennent l'infini


Orphée et Eurydice


"Les poètes, les artistes et toute la race humaine seraient bien malheureux, si l'idéal, cette absurdité, cette impossibilité, était trouvé. Qu'est-ce que chacun ferait désormais de son pauvre moi, de sa ligne brisée ?"

Charles Baudelaire

(Salon de 1846).

 

 


"Je ne veux pas connaître le néant avant d'avoir rendu aux miens ce pourquoi ils m'ont engendré."

Stéphane Mallarmé

 


 


Université Paris X -Nanterre

Centre de littérature et poétique comparées -

Séminaire de recherches sur l’élégie

  •  Nous entreprenons de mettre ici progressivement en ligne des notes prises  lors du séminaire interdisciplinaire de recherches sur l'élégie qui se tient depuis 2004 à l'Université Paris X, à raison de quatre séances par an

  • Ces notes ont été prises et retranscrites par Mlle Corinne Godmer, Doctorante à l'Université Paris X.

  • Une bibliographie critique, ainsi que le programme des prochaines séances seront prochainement mis en ligne.


1ère rencontre (décembre 2004)

J.-M. Maulpoix : exposé introductif, directions d’études

 

- une définition de l’élégie : est-ce un genre ou une forme ? La définition est plus ou moins stable. Comment est-on passé d’une définition précise, formelle (le distique élégiaque) à une définition vague (une œuvre d’inspiration mélancolique) voire d’une absence de formes (cf. James Sacré, NR). L’élégie possède des traits caractéristiques pour chaque époque.

 

- Qu’est-ce que la tonalité élégiaque ?

 

- la variété des typologies élégiaques : les formes lyrique, épique, les vertus gnomiques, la dimension votive, le discours amoureux, érotique. Comment ces définitions s’organisent-elles ? A travers le temps ? Autour de l’affliction ?

 

- les aspects historiques. Dans quel contexte se font sa naissance et son essor, ses variations. Les différences entre l’élégie antique et celle de la Renaissance, avec l’élégie moderne.

 

- les aspects classiques et formels. Le prosimètre. Le récitatif élégiaque. Les motifs de l’invocation, de l’exclamation, de l’interrogation. Ce qui va découler de l’élégie, une certaine longueur.  Musique et élégie : morceau sur un mode mineur pour la tristesse. L’impair verlainien susceptible de rivaliser avec une définition ancienne.

Ovide : montée et descente. Définition de l’élégie.

Verlaine : le mouvement en lignes brisées.

 

- Les aspects thématiques :

la solitude, le malheur, la fuite du temps. Le ressaisissement, le courage, l’encouragement moral.

L’élégie archaïque grecque, de combat  place sous les yeux du guerrier la figure du beau mort pour relever le courage.

Pour les élégies latines, il convient de rompre. Elles montrent la résolution, la voie juste à emprunter.

L’élégie est différente de la résignation : elle permet d’y retrouver la force. Moyen d’une réorientation vers un idéal. Résignation possible : apprendre à perdre les objets aimés mais pas l’idéal.

Rilke : « surmonter, c’est tout, qui parle de vaincre ? »

Hölderlin : « pourtant demeure en moi une expérience tenace ». Question de l’élégie a à voir avec l’espérance.

Encouragement moral. Dimension gnomique

Recherche du juste milieu, solitude et juste milieu

 

- comment vivre ? Réflexivité élégiaque

Pas d’inspiration par les muses. Le discours n’est pas cautionné par les dieux mais venu du cœur

Thomas Gray : muse des pauvres

La forme est plus chère aux modernes, possibilité même de l’expression poétique

Comment rendre la vie humaine à nouveau possible ? Rilke : l’élégie est un effort de ressaisissement (cf. Lettre dans préface Les Cahiers de Malte). A partir des mêmes données, la vie redevient possible. Rendre possible une vie sans fondements. Lien entre le visible et l’invisible.

Thomas Gray apporte un trophée pour ceux qui n’en ont pas.

 

- Thématique de la pauvreté. Tibulle : la sage pauvreté de la vie champêtre. Disponibilité de l’amant pauvre.

Rilke : la pauvreté ontologique (Jaccottet)

Thomas Gray : motif important

Odes : elles sont victoriales, rendent hommage aux vainqueurs. Elégie : il s’agit de rendre hommage aux humbles, à l’humilité. L’élégie est comme la Vanité en peinture : sorte de nature morte en poésie. Fin maudite de l’or, de la richesse, de l’âge d’or. Fustiger les inutiles désirs. Inscrit en soi sa vanité. Poème ne changera pas les choses. Vanité de la parole et des désirs.

 

- Retournement et espérance : double mouvement typique de la posture élégiaque. Prendre conscience du passage du temps.

Dimension de bilan. Capacité à revisiter ou à réviser. Michel Deguy A ce qui n’en finit pas : bilan d’une vie affective et bilan poétique dans le même mouvement. Réflexivité

 

- encouragement, restauration du moi

Tend vers l’objet perdu. Déplorer l’objet perdu. Perte de l’objet total : le divin 

Mélancolie : objet perdu qui retombe sur le moi : l’objet n’est pas identifié

Élégie : objet perdu ; chant perdu de la plainte. Objet du tu et du toi. Objet désigné n’est pas forcément le véritable objet : objet écran.

Latins : élégie identifiée à la féminité. Originaire , maternelle. Épopées opposées à l’élégie : genre de célébration, genre mixte

 

Pourquoi y a-t-il un moment de détestation de l’élégie ?

16ème : élégie liée au sens de l’histoire. Machiavel : discours politique du temps. Du Bellay : poétique des ruines. Double registre du sentiment du temps : perte de l’âge d’or et découverte du temps chrétien

Dimension publique de l’élégie

 

L’élégie n’a pas de définition précise mais est entourée de notions adjacentes. Constellation de formes tristes.

Importance de la relecture, de l’imitation

Avoir en tête les grands modèles

Berceuse : presque le même rythme que l’élégie, va et vient

Imitation avec l’idée de collage par rapport aux anciens (cf. Quignard) 

 

Compléments :

 

Pierre Loubier intervient : évocation du chant de deuil marocain dont la traduction signifie l’oiseau à l’aile brisée 

L’espérance est un terme religieux