"Les livres quand ils sont beaux font tomber non seulement les défenses de l'âme, mais toutes les fortifications de la pensée, qui se voit prise de court soudain"."L'amour ouvrait soudain l'incommunicable comme une clé".Vie secrète de Pascal Quignard est à lire toutes affaires cessantes, car c'est une oeuvre qui change profondément son lecteur et qui parle à l'âme. Sans doute longtemps retenu, de bout en bout poignant, lumineux et sombre, c'est le plus beau livre d'un immense écrivain. Cet épais volume, dont l'auteur était jusqu'à présent connu pour son amour des formes brèves, n'est ni récit, ni traité, ni roman - aucune mention de genre sur la couverture. "Il me fallait abandonner tous les genres. Il me fallait renoncer un à un à tous les germes de la pose. Il me fallait mobiliser, atteler, mêler, et les épuiser comme des chevaux de postes, tous les virus rhétoriques. Il me fallait mettre au point une forme intensifiante, inhérente, omnigénérique, scissipare, court-circuitante, ekstatikos, intrépide, furchtlos."
"Meurtrière est ce livre sur une part confuse de ma vie": c'est la première fois que Quignard se livrait à ce point, car on parle mieux de l'amour en première personne. D'où les fragments autobiographiques qui se mélangent à une méditation fiévreuse, hallucinée, hagarde. Quignard fait toujours ce qu'il dit qu'il fera. S'expose ici, lyriquement, d'un seul souffle, une pensée subversive et forte sur l'amour, pensée qui voit loin et profond. Incarnée, elle n'est pas la pensée abstraite des philosophes. Le penseur y est impliqué, comme le rêveur dans son rêve. Dans cet éros de la pensée, vivre, écrire, ne sont plus qu'un seul continu. "Faire de la noèsis le desiderium. Une forme comme une marée (...) Un seul flot rythmé. Un seul flatus. Un seul flux. Une seule fluence. Une seule influence. Une seule lumière. Un seul afflux montant. Tel le désir. Le descendant est la jouissance".
De grands textes de la modernité permettent de montrer combien l'opposition prose/poésie est mal fondée, bien plus souvent qu'on ne l'imagine. Boris Pasternak écrivait ceci en 1934: "La poésie est la prose (...), la prose même, la voix de la prose, la prose en action et non en récit. La poésie est le langage du fait organique , c'est-à-dire du fait avec des conséquenses vivantes. C'est précisément cela, c'est-à-dire la prose pure dans sa tension de transfert, qui est la poésie ." A l'instar de quelques grandes proses modernes, par exemple, de La mort de Virgile d'Hermann Broch,Vie secrète n'est rien d'autre selon moi qu'un long poème. Pour le poète que je suis, Quignard est un grand poète de la prose. Sa langue sensible, où le français rêve sur lui-même en latin, toujours tourné vers sa propre scène primitive , enchante l'étymologie, cette étymologie qui parle des mots pour mieux parler des choses et qui, chez Quignard, fait progresser le discours. Cette langue sait ciseler l'aphorisme. Elle est parfois assonancée, utilisant, en de savantes anaphores, l'étymologie pour faire assonance - par exemple, comme dans les pages très belles sur le désir et les sidera . Flux et fluence, c'est-à-dire "mouvement de la parole dans l'écriture" , elle est toujours rythmée, et plus précisément dans ce livre, dont les phrases comme des vagues "s'épousent, s'ajustent, se disloquent, bondissent, débordent, recommencent", le rythme fait image du ressac de la mer, ainsi que l'auteur le dit lui-même. De cette mer omniprésente dans Vie secrète, mer originelle ou Panthalassa, d'où provient le sperme, et où il retourne.
Est-il possible aujourd'hui de tenir un discours sur l'amour, plutôt que sur le sexuel? C'est scandaleux et d'une extrême solitude, comme le notait déjà, en 1977, Roland Barthes. Notre époque déverse pourtant l'eau de rose de ses chansons, version fade de l'amour portée par ce bruit aggressif tout qu'autant qu'insipide capable de susciter chez un homme aussi musicien que Quignard une véritable "haine de la musique". Elle coexiste avec un discours sexologique omniprésent, tout aussi oppressif et bête. Dans Fragments d'un Discours amoureux, Barthes montre comment c'est l'amour qui est devenu obscène aux yeux du conformisme contemporain: "ce n'est plus le sexuel qui est indécent, c'est le sentimental - censuré au nom de ce qui n'est, au fond, qu'une autre morale", ou encore: "l'impôt moral décidé par la société sur toutes les transgresssions frappe encore plus aujourd'hui la passion que le sexe." Des années plus tôt, Pierre Jean Jouve avait écrit dans le journal sans date En Miroir: "la Poésie, comme l'amour, est soumise à une secrète interdiction. La Poésie, qui est aux yeux de beaucoup la chose nécessaire, devient aux yeux de certains la chose décriée". Plus solitaire que jamais, même s'il insiste dans un perpétuel retour, le discours sur l'amour, dans la langue même de l'amour, celle du lyrisme, qu'il soit ou non versifié, est le plus souvent l'apanage des femmes. L'homme capable de le tenir est pour moi particulièrement émouvant.
La conception de l'amour qu'expose Vie secrète peut sembler tragique et radicale. On lira ceci, qui consonne avec ce qu'une oeuvre comme celle de Nerval peut dire du rapport de l'amour et de la perte, mais aussi, et ce n'est pas la seule fois, avec les leçons de la psychanalyse: "L'amour est un don sans pitié parce que rien ne console de sa perte. L'amour est lié au perdu: c'est pourquoi toute perte le vérifie. C'est la plus intense des douleurs." Quignard écrit encore: "L'amour est la relation sans merci. Rien ne l'exaucera. Aucune paix ne l'attend". Même si l'écrivain dit se méfier beaucoup du mythe, imposé par le narrateur social, il me semble qu'il y a dans Vie secrète un mythe fondateur, qui est celui de Tristan - même si Quignard suggère quelque part que la mort tragique des amants est imposée par le groupe, comme seul happy end toléré par lui. La citation, dans le premier tiers du livre, des paroles d'Iseut à l'ermite Ogrin dans la version de Béroul est emblématique - "nous avons perdu le monde et le monde nous". L'amour est hors-circuit, il entre en dissidence, fait sécession, emmène à l'écart. Il "ressortit au vol et non à l'échange social", comme l'écrit Quignard dès le début de son livre. Il fallait beaucoup de courage, en ces temps sans grandeur, pour dire avec force que l'amour, compris au sens de l'amour passion, celui qui "se distingue du désir, lui qui n'a pas besoin d'être personnel et ne cherche pas la personne dans l'autre", ne peut être domestiqué, est asocial ou même antisocial, puisqu'à la différence de la sexualité, domesticable dans le mariage, il "brave les intérêts de la société". "Est amoureux un être humain tombant dans l'Autre sans médiation sociale", écrit Quignard, ou encore "le vrai amour, c'est la relation impréparée, innégociée. C'est la communication irrésistible entre deux individus qui se passe de toutes les médiations sociales et familiales, quand elle n'y contrevient pas de façon provocante." Même s'il y a un moment où il retrouve le désir, puisque les amoureux font finalement "l'amour par surprise", "hélés" qu'ils sont, "à leur corps défendant (...) à la sexuation primitive de la scène primitive", l'amour s'oppose à la sexualité, celle-ci étant par nature prédatrice et instrumentale, il introduit dans celle-ci un curieux discord - voir les pages sur la languor, autre version du fiasco stendhalien. Quignard pourrait reprendre à son compte la phrase de Lacan dans Encore, celle qui dit "quand on aime, il ne s'agit pas de sexe". La psychanalyse laisse entrevoir que l'amour permet d'échapper à la perversion sexuelle polymorphe du mâle - celle-là même dont il est encore question dans un livre comme Le sexe et l'effroi - puisqu'il ne se réduit pas à un rapport à l'objet a, objet partiel, qu'il est une forme de sublimation, visant la personne totale et redonnant à un objet la dignité de la Chose. La problématique de la Chose (das Ding), qui est celle de l'Autre maternel préhistorique, mais tout aussi bien celle de l'objet perdu et de l'objet retrouvé, est omniprésente quand on veut parler de l'amour d'une façon juste . Elle est n'est pas absente du livre de Quignard, par exemple quand il écrit ceci: "Il y a un ancien amour. L'ancien amour se tient au fond de l'amour (...) C'est l'emprise en plus de l'empreinte. C'est la fusion. C'est la porosité totale. C'est, avant la fascination, le corps un (mère-enfant), le corps qui tend ses membres et dans le même temps s'attend, qui aspire à refusionner; c'est cet engloutissement imminent". C'est cet amour ancien, "une trace énigmatique en nous", amour qui n'était pas encore à vrai dire un amour, mais plutôt une terrible fusion, qui, tapi au fond de chaque amour, de toute histoire, l'inscrit tragiquement sous le signe du perdu: "Pourquoi l'amour ne s'éprouve-t-il que dans la violence de sa perte? Parce que sa source est l'expérience de la perte. Naître, c'est perdre sa mère."
Quignard et la Chose: revenant sur le paradigme de l'amour courtois, ce "météore" qui a tant donné à penser à Lacan, et ceci plus particulièrement, que sublimer, c'est mettre un objet à la place de la Chose, il écrivait, des années avant Vie secrète, sur la page 103 du tome II de ses Petits traités : "Rem devint rien. Dans un roman du XII° siècle, le héros parle de l'amie perdue. Il dit qu'elle est la "rien" sur la terre qu'il a le plus désirée." Dans le livre que nous commentons, Quignard fait également retour, passim, sur l'idéologie courtoise. Il remarque que, selon elle, "l'amour est le seul sentiment capable de désincarner le corps de son désir". Comme le théorisa la fin'amor, l'amour peut s'accommoder de la chasteté, il est allergique (au sens fort, étymologique, du mot) au mariage, cette jurata fornicatio ou "prostitution assermentée" - d'où les pages sur Héloïse, qui refusa le mariage organisé par son oncle, le même qui fit castrer son amant, refusa d'épouser Abélard, préférant garder le beau nom de maîtresse, meretrix. Pourtant, même si je pense qu'il y a une prégnance secrète du mythe de Tristan dans le beau livre de Quignard, ce qu'il développe est beaucoup plus riche, il faudrait bien se garder de l'enfermer dans cette idéologie courtoise à laquelle il fait parfois allusion.
"Nous sommes venus d'une scène où nous n'étions pas.L'homme est celui à qui une image manque" (Le sexe et l'effroi). Un des points forts de Vie secrète est l'articulation de la fascination amoureuse à la prégnance de la scène primitive - "L'amour, comme la peinture, prend sa source dans la seule scène qui est impossible aux yeux qui en résultent". Quignard développe davantage ce qu'il exposait déjà dans Le sexe et l'effroi, que la fascination dérive du regard sur le sexe érigé, le phallos qui se dit en latin le fascinus, mais qu'elle renvoie au delà à la scène de notre conception par ce qu'il nomme nos géniteurs colossaux. Scène effrayante, qui fera à jamais trou dans le visible, d'où le tabou du regard qui marque l'amour (figuré dans le livre par Psyché et la Clelia stendhalienne), venant répondre au tabou du langage (Némie Satler et la châtelaine de Vergy). Même si la passion amoureuse réalise l'accomplissement de l'individu selon sa vérité la plus propre, qui s'oppose aux intérêts du groupe, elle prend source dans une pulsion irrésistible et aveugle qui relie l'individu à la chaîne des générations, à la phylogénèse.
Un autre point fort est l'étude de la dialectique de la fascination et du désir. Le développement de Quignard, en des pages très belles, progresse à coup d'étymologies poétiques, car l'étymologie, je l'ai déjà dit, n'est pas un ornement accessoire, un peu pédant, de son discours. Phénoménologie du coup de foudre, où "je ne suis qu'un fragment de tessère qui s'ajuste en criant de faim à ce qui lui manque". "J'écris le plaisir dangereux des retrouvailles. Il n'y a pas de retour qui ne risque la désintégration de soi et l'absorption (...) Fulguratio, fascinatio ne font que dire ce réemboîtement, en un éclair, plus vite que l'éclair, de la forme la plus récente dans la forme la plus ancienne." La foudre a frappé le fasciné, le sidéré. Trouvant avec qui fusionner, il a peut-être rencontré sa mort. En dépit de la sauvagerie qui est parfois la sienne, puisqu'il est le germe de toute cruauté, le désir rompt un charme. Il "désenchante le fiasco, défascine la violence." Sans cesse renaissant, il permet que tout continue, recommence, parce qu'il désidère, faisant échec à ce que la fascination peut avoir de mortel. Quignard sait lire dans le mot désir, venu d'un mot latin négatif,desiderium, la chute d'un astre (sidus) dans la nuit: "le désir est le désastre". Cet astre est tout aussi bien l'étoile que suivent les Rois mages, dont Quignard parle, que cette "seule Etoile", à jamais perdue, que recherchait l'endeuillé Nerval. "L'autre de la fascination, c'est le perdu: c'est l'absence du signe du printemps dans le ciel, l'absence de la constellation des astres dans le ciel d'hiver, l'absence constatée du signe dans le visible, son attente, son regret, son guet. Ce voir est leur de-siderium." Ce "signifiant sidérant" qu'est l'astre, lettre de feu que seul un mage, un chaman peuvent déchiffrer, en ouvrant "l'autre monde", dit Quignard, fait accéder la passion au réel inaccessible, dans l'éloignement d'un Fortsein.
Pour aborder un autre thème important, même si c'est la mère qui, par la force de l'amour, a "insinué" dans l'infans "le langage national par la voix", Quignard misologue n'a pas de mots assez durs pour dénoncer "le langage du groupe", qui est le vecteur de l'oppression sociale, ce langage qui "ne reste pas longtemps vivant dans l'homme qu'il fabrique comme son sujet". Il lui oppose cette communication empathique, "bouche close au langage mais ouverte à la communication non verbale", qui est celle des amants, dans leur "pacte d'adieu au langage". Le langage où je/tu sont des positions invertibles, sous le régime de l'egophorie, n'inscrit pas la différence sexuelle, qui est, dit Quignard, "irrémissible" ou "intraitable". C'est cette irréductibilité de la différence sexuelle, qui fait qu'alter reste alter, ce qui peut vouloir dire aussi "mon désir n'est pas ton désir", qui assombrit l'amour en elle enraciné. Mais, nous dit Quignard, "le plaisir partagé rend co-présents les distincts", et l'orgasme est un "point non étanche" qui permet de "traverser la paroi de la différence sexuelle et de la mort".
Le livre vers sa fin insiste beaucoup sur une dimension que Quignard, reprenant un verbe très ancien, nomme l'"issir", signifiant à la fois sortir et partir: "Issir et ekstasis sont le même. Ils sont le coeur de la vie secrète". L'amour est un départ, une ouverture sur "l'autre monde", car "partir fait le fond de l'univers." Il est extase au sens propre, comme sortie de soi, car l'extase est "beaucoup plus haute que le plaisir", et "sortis ensemble de ce monde sont ceux qui s'aiment". Mais il reste à se demander si l'éros de Quignard ne serait pas un éros mélancolique, comme celui dont Jacques Roubaud, dans son livre La Fleur inverse, repérait la tentation mortelle chez les troubadours.
"Ce que j'ai aimé, quoique je l'aie toujours perdu, je l'aimerai toujours". On ne sait comment se termine au juste l'histoire d'amour que narre Vie secrète, ni si elle a pris fin. Mais au terme du livre, l'amour est porté dans l'adieu, en des pages magnifiques qui sont une célébration de celui-ci et une rédemption de la mélancolie, miraculeusement définie, dans une formule qui peut évoquer les mystiques, comme "la joie dont on peut mourir dans la retrouvaille imprévisible."
Barthes écrivait :"Dans la langueur amoureuse, quelque chose s'en va, sans fin; c'est comme si le désir n'était rien d'autre que cette hémorragie". Et Quignard, au début de son livre: "Je sentais dans le rythme de mon propre sang une perte totale, infinie, douce, inexorable et rythmique qui lui était retirée. C'était une espèce d'hémorragie interne du ciel lui-même dégorgeant sur les eaux." A ce stade, "l'hémorragie interne" n'est encore qu'une image, projetée sur le paysage. Mais au début des pages sur l'adieu, l'auteur évoque le grave accident somatique qu'il connut au début de l'année 1997, je n'en parle que parce qu'il en parle lui-même. La perte de sang fait-elle symptôme des risques du voyage, et du mal d'amour? Quignard dit ailleurs dans le livre, non sans humour: je suis un thon, je suis comme ce poisson qui déconcertait tant les Anciens parce qu'il saignait, mais on pouvait pour cela l'offrir aux dieux en sacrifice.
Ayant cru mourir, Quignard apprit le regard intense de l'adieu, celui qui fixe le monde pour la dernière fois. Mais ce regard est celui de l'amour même: "Je pense qu'il y a dans l'adieu une expérience propre à l'amour", "je pose qu'on peut regarder pour la dernière fois le monde même si on survit à ce regard". De ce sentiment de l'adieu, Quignard dit qu'il est la seule désidération véritable.
"L'adieu est sans tristesse. L'adieu est la séparation qui survient (...) L'imminence n'est ni heureuse ni malheureuse; c'est le point extatique de dislocation", écrit Quignard. Il écrit aussi, bouleversant de justesse et de simplicité: "Que deviennent les choses après l'adieu? Elles deviennent le temps qui passe", et encore ceci: "Il faut y consentir: l'adieu émerveillant est une des plus grandes joies de ce monde. Là où le désir se fascine, là n'est pas exactement le monde ni le réel. L'impression de réalité qui se fait jour alors est presque miraculeuse et complètement noire." C'est une épiphanie. C'est le lyrisme même. A ce point, dans cette lumière du jamais-plus, de la dernière fois, Quignard m'est infiniment proche. Car l'adieu, plus qu'un sentiment, est bien plutôt une lumière, et la plus vive, sur fond de mortalité: "C'est l'adieu qui fait le fond de la beauté. Si ce fond a une lumière, l'adieu a une lumière. La lumière de onze heures." On peut penser à Rilke et à son amour de la chose éphémère, célébrée, glorifiée en son immanence, dans l'épiphanie qui la rend visible-invisible - lire ces vers de la Neuvième élégie :
"Une fois chaque chose, seulement une fois.
Une fois et jamais plus. Et nous aussi
une fois. Jamais plus.
Mais ceci, avoir été une fois - même si ce ne fut qu'une fois -
avoir été de cette terre, cela semble irrévocable."
On peut penser à Benjamin, à ce qu'il tente de penser sous le nom d'"aura", l'aura comme "unique apparition", fulgurant sur le fond de sa perte. Les mains de Rilke s'étaient "jurées de ne jamais tenir." L'ange de Benjamin va vers celui qui "offre et repart les mains vides." Quignard écrit ceci sur la dernière page de son livre: "Les peintres? Les cartons verts épinard. Les musiciens? Les boîtes noires et luisantes. Les écrivains? Les mains vides."
© MARTINE BRODA