La revue trimestrielle de littérature et de critique Le Nouveau recueil que publient les éditions Champ vallon a fêté en mars 2005 sa vingtième année


Walter Benjamin


 

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    LIEUX D'ÉCRITURE

    LE PASSAGE COUVERT COMME MOTIF LITTÉRAIRE

    par Christine Rheys

    Texte paru dans le numéro 40 du Nouveau recueil, septembre, novembre 1996.


     

    Cette maison sur la hauteur, qui est bâtie avec les lettres d'une phrase ancienne, trop longue pour ma mémoire.

    Louis Aragon, Le Passage de l'Opéra.

     

    MODERNITÉ

    Les receleurs de plusieurs mythes modernes

     

    Nés au tout début du dix-neuvième siècle, les passages couverts ont proliféré des années 1820 aux années 1850, époque où ils présentaient une série de prouesses architecturales, comme la construction en fer et en verre nécessaires à l'édification de leur élément fondamental, la verrière. La nouveauté urbaine constituée par la possibilité de se déplacer à pied sec dans un Paris inondé de boue, l'innovation de l'éclairage au gaz en contraste avec les rues sombres, allait de pair avec une nouvelle définition de la ville, dont les passages étaient en quelque sorte le joyau et la miniature. Luxe, richesse, éclairage, étalages, miroirs : la foule s'y donnait à elle-même en spectacle. Contemporains de la flânerie et du dandysme, conceptions tout autant sociales que culturelles, ils incarnaient aussi l'avènement du commerce élevé au rang d'art.

     

    Les passages ont été l'objet de nombreux commentaires, fluctuant selon les effets de mode, et leur mention dans la littérature s'accompagne d'une vision contemporaine ou d'une fonction narrative. Lorsque Balzac, dans Les Illusions perdues décrit les galeries de bois du Palais-Royal, il contribue à sa gigantesque peinture des moeurs en plaçant le jeune Lucien de Rubempré dans l'un des endroits les plus fréquentés de l'époque ; quand Zola entreprend, avec Thérèse Raquin ou Nana une peinture des passages, c'est dans la ligne directe de la théorie qu'il développera pleinement dans le Roman Expérimental, à savoir l'adéquation d'un milieu et d'un personnage. En effet, le sujet principal de Thérèse Raquin c'est le passage du Pont-Neuf, "corridor étroit et sombre, [...] suant toujours une humidité âcre, [...] laissant échapper des souffles froids de caveau". Omniprésent, il préfigure le crime par noyade qui fait l'objet du roman et déteint peu à peu sur les personnages qui vont devenir eux-mêmes "froids comme la mort". Pour le projet de série des Rougon-Macquart, Zola précise que son but n'est pas de "peindre la société contemporaine, mais une seule famille" et justifiant le choix du Second Empire il ajoute "si j'accepte un cadre historique, c'est uniquement pour avoir un milieu qui réagisse ; de même le métier, le lieu de résidence sont des milieux." Ce milieu agissant, on le retrouve dans Nana, neuvième volume des Rougon-Macquart, avec l'un des passages les plus anciens et les plus en vogue, le passage des Panoramas. La sortie des artistes du Théâtre des Variétés, où survient l'avènement tant charnel que théâtral de Nana, s'effectuant directement dans le passage, ce dernier va devenir non seulement son lieu de rendez-vous, où une foule de galants viennent l'attendre à la sortie, mais aussi la promenade préférée où elle traîne le comte Muffat. Nana "adorait le passage des Panoramas" écrit Zola, "quand elle traînait, elle ne pouvait s'arracher des étalages". Le règne du faux-semblant, du clinquant, des bimbeloteries est établi comme son domaine, et presque comme le miroir du personnage. "Le passage n'est que la rue lascive du commerce" , cette phrase de Benjamin conviendrait à merveille au roman puisque la prostitution y est considérée comme mythe constitutif de la société du Second Empire.

    Emile Zola

    Mais au-delà du passage, le milieu agissant c'est Paris. Le Paris de Baudelaire est une ville minée, remarquait Benjamin dans son essai sur les Tableaux Parisiens ; celui de Zola ne l'est pas moins, le deuxième volume des Rougon-Macquart, La Curée, étant consacré aux spéculations financières et aux décombres de Paris. Les travaux d'Haussmann sous le Second Empire, produisent une métamorphose radicale de la ville dont les passages couverts ont été en quelque sorte le premier acte. Acte pacifique pourtant, dans le sens de cette volonté de rénovation, puisque les passages s'inséraient parfaitement dans le tissu urbain en se glissant dans les creux et les espaces vides. Ils se situaient précisément à la charnière de deux villes et comme le souligne Bertrand Lemoine, "ils se rattachent essentiellement à la ville ancienne par opposition à la ville moderne post-haussmannienne." Après avoir été l'épicentre de la capitale, les passages sont désaffectés et beaucoup seront détruits à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Curieusement, c'est aussi sous le signe d'Haussmann que s'ouvre Le Passage de l'Opéra d'Aragon, écrit en 1924, au moment où la destruction du passage du même nom est prévu pour permettre le tracé du Boulevard Haussmann : "le grand instinct américain, importé dans la capitale par un préfet du second Empire, qui tend à recouper au cordeau le plan de Paris, va bientôt rendre impossible le maintien de ces aquariums humains déjà morts à leur vie primitive et qui méritent pourtant d'être regardés comme les receleurs de plusieurs mythes modernes, car c'est aujourd'hui seulement que la pioche les menace, qu'ils sont effectivement devenus les sanctuaires d'un culte de l'éphémère, qu'ils sont devenus le paysage fantomatique des plaisirs et des professions maudites, incompréhensibles hier et que demain ne connaîtra jamais". C'est "l'explosante fixe" du livre d'Aragon. On peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas la notion de "mythe moderne" qui a tellement ébranlé Benjamin - le livre d'Aragon étant pour lui le révélateur qui va déterminer le début des recherches sur les passages en 1927/28 - puisque c'est à cette tâche harassante de "penser l'existence simultanée de la modernité et du mythe" basée sur l'histoire de Paris au 19ème siècle, qu'il va se livrer dans Le Livre des passages, dont une grande section sera consacrée au premier théoricien de la modernité, Baudelaire : "la modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable".

     

    Louis Aragon

    La modernité, attachée au passage, est aussi la quête qui sous-tend le premier roman d'Aragon, Anicet ou le Panorama, roman, écrit de 1918 à 1920. L'argument décisif du recours au passage, "lieu impersonnel, neutre, où tout peut advenir", va être la règle des trois unités, prélevée au théâtre et aux réminiscences scolaires du jeune Anicet : elle commence le roman, sert à la critique du récit d'Arthur dans le premier chapitre, précise la nécessité de son application avec l'emploi du présent de l'indicatif et enfin définit le passage comme le lieu idéal où elle peut advenir. "Un seul décor", "une seule femme", "une unité de temps", ces préceptes du classicisme sont là pour se démarquer, comme une boutade - le récit d'Anicet sera pure exagération - de l'anarchie et de "la tempête romantique", mais aussi pour affirmer le présent : filiation littéraire et prise de distance avec le passé puisque le récit d'Anicet, sur fond de Second Empire, est fait au fantôme d'Arthur - Rimbaud dit Aragon dans la préface de 1964, alors que celle de 1930 s'orientait vers une ressemblance avec Goethe. C'est donc bien une proposition esthétique qui prend comme lieu d'écriture le Passage.

     

    La volonté expresse de condensation, liée au contexte architectural du passage, est renforcée par le choix synthétique de description d'Aragon et constitue le point primordial autour duquel s'agence le roman en exprimant l'apparition d'un théâtre intérieur essentiellement mental. "Mes personnages n'étaient point des symboles à mes yeux mais le guignol de mes idées" précise Aragon, "sous les traits de Mirabelle, c'est une idée qui se cache : la beauté moderne". Tenant une place essentielle dans la structure narrative, puisqu'elle débouche sur la quête de cette femme-idée, la traversée du passage s'accomplit comme un passe-âge pourrait-on dire, car au mélange des temps succède bientôt une rupture fondamentale avec le passé, conséquence du voyage initiatique du jeune Anicet. Théâtre moderne, donc, que n'aurait sans doute pas renié Baudelaire : "C'est à la peinture des moeurs du présent que je veux m'attacher aujourd'hui. [...] Le plaisir que nous retirons de la représentation du présent tient non seulement à la beauté dont il peut être revêtu, mais aussi à sa qualité essentielle de présent." Le présent de l'indicatif comme temps de la modernité dans Anicet devient un présent absolu dans Le Passage de l'Opéra : écrit dans le presque d'une disparition, entre un hier et un demain compromis.

     

    PARCOURS

    La métaphysique des lieux

     

    1919/1924 : ces années qui marquent une période décisive dans l'histoire du surréalisme sont aussi celles de "l'installation" dans le passage de l'Opéra. Fin 1919, Tristan Tzara arrive à Paris, Breton et Aragon transfèrent leurs réunions au café Certa par goût de "l'équivoque des passages", goût clairement défini par Aragon dans Anicet ou le Panorama, roman, mais que l'on trouve aussi dans Les Champs magnétiques, écrit par Breton et Soupault au printemps de la même année. Ainsi le lieu déjà présent dans les écrits devient le véritable lieu de rencontres. 1924, année de "l'officialisation" du surréalisme avec le Manifeste, est aussi la date figurant en ouverture du Passage de l'Opéra, qui est en quelque sorte, l'officialisation du lieu.

     

    La source première, le filon précieux du surréalisme, c'est l'expérience des Champs Magnétiques, "premier ouvrage purement surréaliste" auquel se réfère Breton dans le Manifeste : "je résolus d'obtenir [...] un monologue de débit aussi rapide que possible, sur lequel l'esprit critique du sujet ne fasse porter aucun jugement, qui ne s'embarrasse, par suite, d'aucune réticence, et qui soit aussi exactement que possible, la pensée parlée." Dans cet abandon à la spontanéité du verbe intérieur surgissent de-ci, de-là, "des crachats de verrière" et bien que le lieu ne soit pas un cadre permanent, sa présence est effective : "J'aimerais connaître ce jeune homme qui nous suivait. Il marchait résolument sur notre ombre et nous étions fous de vouloir courir. Un courant d'air s'approchait et nous entrions dans le passage et nous regardions le ciel à travers un vitrage poussiéreux. Ce même personnage nous guettait en riant." Le personnage étrange de Barrières dont la vitesse de parcours rivalise avec celui de la parole - "il va plus vite que les mots les plus brefs" - ressemble au voyageur d'En 80 jours dont la trajectoire, ponctuée de quelques arrêts, ne fait que s'accélérer. Les mots tombent, les paroles passent et il n'est pas difficile d'y reconnaître la vitesse de l'automatisme.

     

    "Il va porté par ces images qui le ravissent, qui lui laissent à peine le temps de souffler sur le feu de ces doigts. C'est la plus belle des nuits, la nuit des éclairs : le jour auprès d'elle, est la nuit." Pour le voyageur d'En 80 jours, ayant quitté le rivage rassurant des animaux domestiques, "la nuit des éclairs" laisse paraître myriade d'animaux dont certains parlent, tel ce papillon qui dicte des équations, ou ce chien aux propos apocalyptiques qui est le premier à définir le passage comme un lieu : "Passage de la Bérésina". La pensée qui se forme dans l'infiniment petit de la vitesse, appelant à la présence les plus infimes détails, habitée de fragments que le scripteur ne se sait plus savoir, ou qu'il n'a jamais su révèle que le sujet n'est pas seul à l'intérieur de lui-même. Le passage à la contrée inexplorée, celle du voyageur ou celles des ténèbres explorées à la vitesse de la main, s'exprime par la voix des animaux. Nuée fantomatique ou multitude créatrice d'images, elle provoque une exploration au présent des régions éloignées de la mémoire ou de l'inconscient. "Dans certains passages fameux, on sait que des animaux sans nom dorment sans inquiétude." Le passage est dorénavant l'antre des animaux. C'est aussi une jungle folle qu'a frôlé le jeune Anicet en traversant son passage des Cosmoramas, non pas en écoutant courir les mots mais en les regardant à l'arrêt : les multiples inscriptions aux devantures des magasins sont littéralement les pré-textes à l'entrée et à la sortie de la forêt. Langage et parcours, arrêt et cristallisation poétique, ce sont les ingrédients que propose le passage aux poètes du "stupéfiant image". L'Arthur d'Anicet se révélait clairement comme le fantôme d'un poète, "le héros des grandes expéditions", lui, ressemble étrangement à Rimbaud, et la recherche de l'inconnu où l'action poétique est associée à une marche, devient ici une course. Non pas vagabonds mais de passage, "pressés de trouver le lieu et la formule".

     

    Comme dans la topographie du Nâ-Kojâ-Abâd , dont le lieu médian est le jardin, à la fois intérieur et extérieur, le passage est un espace réversible : "c'est une rue qui se recueille ou un intérieur qui se défait toujours" écrivait Jules Romains. Mais il est aussi cette zone de transition entre deux rues, qui le rend propice à devenir l'espace de marge des rites de passage tel qu'il a été défini par Van Gennep. Dans Le Paysan de Paris, Aragon va utiliser ces éléments comme une palette infinie de retournements. Le passage de l'Opéra était constitué de deux galeries (Baromètre / Thermomètre), et dès lors qu'il propose au lecteur l'entrée "dans ce double tunnel", Aragon ne l'en fait plus sortir une seconde. L'ambivalence propre au passage se double littéralement et le texte entier est travaillé par la dualité. La rue lointaine est perçue comme le monde de la réalité ; mais le passage n'est pas l'endroit du rêve, il serait plutôt le souvenir du rêve, point de rencontre entre l'activité inconsciente et la conscience éveillée, ce dont la rue est privée. La réalité pure n'existant pas puisqu'elle est toujours interprétée par une conscience, le passage devient aussi le lieu de jonction entre réalité et conscience.

     

    Il ne s'agit plus d'écrire du coeur de la nuit, ou du coeur du théâtre imaginaire, mais d'explorer l'irruption du quotidien dans la psyché "comme un homme qui se tient au bord de ses abîmes, sollicité également par les courants d'objets et les tourbillons de soi-même". L'écriture du passage tente de dire à la fois le lieu, sa description, et le déplacement du sujet, physique et mental. Dans la marche effectuée par Aragon se situe aussi une analogie entre penser et passer, non plus dans l'extrême vitesse de l'automatisme comme c'était le cas pour le voyageur des Champs Magnétiques, mais par la "métaphysique des lieux", en prenant la mesure du balancement continu entre les lieux et l'être, passer, penser en associant des fragments, des objets, des visions, des passants, des lieux, des mots, des souvenirs. Il s'agit de révéler le présent tel qu'il advient, voir l'éclat fugitif de ce qui ne laisserait pas plus de traces qu'un flottement de présence dans un rêve, révéler que la psyché est habitée de ces éclats de présence oubliés : la métaphysique des lieux consiste aussi à s'interroger sur la création psychique de l'espace. Dans cette grande entreprise de fixation qu'est l'écriture, le passeur fondamental est "l'échelle de soie philologique" de l'éphémère posant langage et lieu entre oubli et cristallisation.

     

    C'est non seulement l'aspect intérieur/extérieur du passage dû à sa verrière qui permet l'affrontement ou la fusion de deux réalités, mais aussi l'abondance des inscriptions et des choses qu'il présente en regard, fragments susceptibles d'être assemblés comme producteurs de sens. "Il y a tant à lire dans ces passages", disait le Pagure . Les noms des boutiques, les affiches du passage sont collés au coeur même du livre. Créateur de chocs au sens de Dada créateur d'images au sens surréaliste, le collage ici est surtout transport du lieu dans le texte. Avec la disparition du passage, le déplacement est total : Le Passage de l'Opéra n'est plus un lieu, mais un livre. C'est ce mot de passe que développe Benjamin et c'est d'abord dans Einbahnstrasse que la méthode affleure, collage de titres prélevés aux journaux sans rapport avec le contenu des textes. La forme fragmentaire subsistera, sans effet de collage, dans Enfance Berlinoise, et dans le Livre des passages, "recueil" de citations du 19ème siècle. Sa forme actuelle tient peut-être à l'inachèvement du livre mais elle dénote une volonté antérieure de travail et bien que Benjamin ait remis en question "le caractère rhapsodique" qu'il souhaitait donner à l'ouvrage, il faut sans doute y voir un aspect essentiel du Livre des passages, visant à une nouvelle philosophie de l'histoire. Contrairement à l'historisme qui considère l'histoire comme une suite d'événements enchaînés les uns aux autres par une causalité sans défaut et dans la continuité d'un concept, la tâche de l'historien matérialiste va être de "faire éclater la continuité historique pour en dégager une époque donnée". Tout en cherchant la concrétude de l'histoire, l'architecture du Livre des passages répond à cet éclatement, fragments des citations du 19ème ou des réflexions de Benjamin où le fil conducteur du concept est interrompu par les blancs de l'alinéa comme dans une oeuvre poétique. La lumière de l'image, écrivait Breton est survenue du rapprochement de deux termes, ici la pensée fonctionne aussi dans le rapprochement de termes, mais complexes, qui ne sont plus à proprement parler des termes mais des fragments de textes. La "lumière de l'image", qui a lieu dans le blanc, semble mettre en relief que la pensée fonctionne tout autant dans le vide que dans le plein, mais surtout elle provoque une infinité d'associations à partir de textes du passé.

    Walter Benjamin

    A partir de ces éléments, Benjamin a élaboré la notion d'image dialectique, où l'Autrefois et le Maintenant se rencontrent dans un éclair pour former une constellation : "l'image authentique du passé n'apparaît que dans un éclair. Image qui ne surgit que pour s'éclipser à jamais dès l'instant suivant. La vérité immobile qui ne fait qu'attendre le chercheur ne correspond nullement à ce concept de la vérité en matière d'histoire. Il s'appuie bien plutôt sur le vers de Dante qui dit : c'est une image unique, irremplaçable du passé qui s'évanouit avec chaque présent qui n'a pas su se reconnaître visé par elle." La forme fragmentaire du livre n'est autre que cette suite d'images uniques du passé. La concrétude de l'histoire, comme une suite d'instants matériels envisagés dans un éclair, c'est sans doute ce vertige que Benjamin ne pouvait se résoudre à mettre en discours, contradiction fondamentale qui aurait amené ces citations dans le tissu d'un texte, leur ôtant tout facteur créateur d'image, amenant aussi à leur destruction. L'éclair de l'histoire est hanté par une disparition, celle que Le Passage de l'Opéra ou A une passante rendait fulgurant, celle de l'éphémère : "incompréhensible hier et que demain ne connaîtra jamais".

     

    Flâneur infini de livres, Benjamin a écrit aussi beaucoup sur la ville et son immense travail sur les passages couverts établit un lien entre ces deux aspects importants de son oeuvre. Passage, ce mot abstrait dédié au temps et à l'espace, en se concrétisant architecturalement pour un parcours met en lumière de manière exemplaire le rapport du lieu, de l'écriture et de la mémoire.

     

     

    Christine Rheys