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Note sur la lecture

L’écrivain parle dans le vide. Il fait dans la solitude des sortes de gestes en direction de ses semblables inconnus. Alors s’accomplit le curieux prodige qui assemble des mots et qui rapproche des êtres ou des objets séparés. Un livre, en effet, est une affaire de liens, un réseau de phrases, un ensemble de pages cousues, un tissage de mots: une histoire d’encre qui se déplie et qui se tire au clair. De part en part, écriture et lecture constituent un système de relations paradoxales : relation entre des choses (qui, en vérité demeurent séparées), entre des mots (qui pourtant restent attachés à leur définition), entre l’auteur et des lecteurs (qui ne se rencontrent pas), entre ceux-ci et le monde virtuel dont quelqu’un a rêvé, entre chaque lecteur et soi-même, au fil d’un entretien dont un autre a déterminé le propos... Cet ensemble de rapports invisibles, dans la mesure où il n’est que langage, et où il porte sur des objets et des créatures absents, ne construit en définitive rien d’autre qu’une relation entre soi et soi. Ce qui est vrai pour l’écrivain l’est également pour le lecteur sur qui l’activité obscure de lire vient jeter ses étranges clartés obliques.

(6 octobre 1994)

Jean-Michel Maulpoix