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Lire la présentation et un choix de traductions de Ianni d'Elia par Bernard Simeone


bibliographie française :

* Poèmes in Lingua, la jeune poésie italienne, anthologie dirigée par Bernard Simeone, Le temps qu'il fait 1995 (épuisé, en cours de réimpression)

* Poèmes extraits de Congé de la vieille Olivetti, traduction de Bernard Simeone, Po&sie n°91 (2000).

* Le Partisan Avril, choix de poèmes, traduction de Bernard Simeone, À l'Impatiente (2000)


Poètes italiens présentés sur ce site par Bernard Simeone :


NEL PIENO GIORNO DELL'OSCURITÀ

antologia della poesia francese contemporanea

a cura di Fabio Pusterla

(edizioni Marcos y Marcos, Milano, 2000)


IANNI D'ELIA

Lettre du fils prodigue

Traduit de l’Italien par Jean-Michel Maulpoix et l’auteur.

Traduction publiée dans le numéro 59 du Nouveau recueil.



(...)Mais nous vivons aujourd'hui
Seuls les morts sont des individus.
Tous les hommes sont devenus bourgeois.
Et ces uniques individus que sont les poètes
sont souvent des bourgeois ou des morts
Le monde forme un tout. A présent
cela a-t-il un sens que dans une chambre comme celle-ci,
(tout s'est toujours passé dans des chambres!)
le jour de ton anniversaire,
je regrette cette lumière glacée?

...

Je ne peux pas en attendant ne pas pleurer sur nous.
Car ce qui échappe à l'adolescent
est la conscience de sa propre adolescence:
avoir été jeune autrefois
c'est avoir aussitôt désiré grandir.

que fut la politique, sinon ce devoir
- inconscient de soi-même, et s'y refusant -
d'être expérimenté, vieilli comme le combat?
Nous avons gagné. Plus rien ne nous sépare
de ceux-là : ni la folie ni l'action.
Nous sommes seuls. L'amitié, c'est à l'intérieur!
Ce n'était ni la jeunesse ni une culture nouvelle:
elle ne peut naître des années que l'on veut
oublier pour les rappeler aux autres.
Au fond, nous ne voulions pas être jeunes
pour la vie, mais pour le pouvoir.
Et maintenant nous sommes ignorants comme ceux-là l'exigent.
Car nous n'avons étudié qu'une seule matière
qui maintenait la vie à l'écart de la conscience
comme à présent elle contient la violence et le massacre.
Car notre vie a pris cette forme hors de la vie,
elle y est restée, elle manque.
Nous ne pouvons que la vouloir, aujourd'hui la pleurer,
- dans une forme qui toujours nous manque -
en désirant vraiment avec la poésie
apprendre à l'intérieur de ce manque...

(...)

Ma vie: elle est là tout entière
dans cette façon de connaître la révolte
et de la consumer dans une maison, ma vie.

(...)

Dans la lumière exténuée du soir,
cruelle sur le vert ou l'ocre de corniches
et de fenêtres, aucun mot n'est amer
ni plus seul que ma vie.
Ce que je suis, je l'avais perdu et c'est fini.
Je suis ce peu que j'ai dit. Et rien n'est fait.
Enfant d'un vieillard, encore dans un corps
de jeune fils, scindé, possédé
malgré ces deux points que nous sommes
sur la ligne qui nous suit, nous précède,
nous dépasse dans le rouleau blanc du soleil:
elle n'admet pas de retour dans le retour.

(...)

Et à présent, vers Arezzo, je refais seul
la route qui fut autrefois celle des autres, dans le soleil
- et pourtant elle existe encore! - des jeunes nouveaux
encore vieux et purs. Piero et Paolo
et la seule vérité qui vainc la défaite:
je la répète en deça de ta mort.
La vérité la plus dure et douce et vile:
être est savoir que l'on ne vit pas,
la vie est le songe de la vie
et la poésie la vie de ce songe!

(...)

Et conscrit pour toujours
de ceux de vingt-six ans il est doux
vers la fin du siècle de vivre.