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bibliographie française :

* Poèmes in Lingua, la jeune poésie italienne, anthologie dirigée par Bernard Simeone, Le temps qu'il fait 1995 (épuisé, en cours de réimpression)

* Poèmes extraits de Congé de la vieille Olivetti, traduction de Bernard Simeone, Po&sie n°91 (2000).

* Le Partisan Avril, choix de poèmes, traduction de Bernard Simeone, À l'Impatiente (2000)


Poètes italiens présentés sur ce site par Bernard Simeone :


NEL PIENO GIORNO DELL'OSCURITÀ

antologia della poesia francese contemporanea

a cura di Fabio Pusterla

(edizioni Marcos y Marcos, Milano, 2000)


IANNI D'ELIA

Choix de poèmes, présentation et traduction par Bernard Simeone


Présentation

Né en 1953 à Pesaro, dans les Marches, sur la côte adriatique, Gianni D'Elia y a fondé en 1982 la revue de poésie Lengua, qui se proposait, à l'exemple de Pasolini, de défendre en poésie le plurilinguisme et l'expression dialectale.

Il a traduit des poèmes de Nerval, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Valéry et Char dans le volume Taccuino francese (Carnet français), paru en 1990, ainsi que Les Nourritures terrestres d'André Gide en 1994.

Parmi ses recueils poétiques, on citera, parus aux éditions Einaudi, Secret (1989), Nuit privée (1993), Congé de la vieille Olivetti (1997) et Sur la rive de l'époque (2000).

Les poèmes ici proposés sont extraits de Congé de la vieille Olivetti et ont paru une première fois, complétés d'autres, dans une plaquette à tirage limité, par les soins de Christine Brisset à l'Impatiente (Laon).


Les poèmes :

Inconclusion
A Fellini
Pasolini en 75
Le partisan avril

 Autres traductions

 


INCONCLUSION

 

Ou comme le tronc d'un bonheur qui fut

Autrefois lames-feuilles vertes et tendres émises

Par ces deux bras coupés, désormais depuis quand

Brindilles rangées thyrses là dans un coin

 

Du radiateur toujours éteint,

Et les rêvant un instant dans du terreau,

Dans de l'eau où ils puissent rester,

Mais ensuite laissant aller paresseusement

 

L'esprit, flamme muette abandonnée,

Si tu le redécouvres, hésitant étonné,

Qui sait par qui pour qui pourquoi sauvé

Pour quelle résurrection d'arbre

 

Ce bonheur qui seul repousse comme

Toute chose verte qui a été…

 


 

 

PASOLINI EN 75

 

Poète, la vérité la plus vive, raison

transcrite en sainteté, mer houleuse,

tout entière dans ce petit dossier

posé tout près de la petite machine

 

alors que devant toi le photographe à quai

attend de nouveau que jaillisse

le vrai sur ton visage contracté

par la quête du mot juste - tu écris

 

Lettres luthériennes sur une Lettera 22,

répliquant aux destinées italiennes

par des poèmes en prose à double interligne,

arme incroyable, inappropriée, rose

 

épineuse tranchée par rage et par lâcheté,

regard pensum ardeur dévouement

devenu grâce à Dino Pedriali brûlure

cœur de maître frère aîné

 

doux au sens violent qu'a l'amour,

ami pouvoir t'appeler par ton nom!…

 


À FELLINI

… au milieu

d'un troupeau de loups bien adultes…

PIER PAOLO PASOLINI, La Religion

de mon temps

 

Mais la mort ayant poussé lentement

L'œuvre grandit plus inexorable encore

Et bien différent de celui qui meurt avec la mort

Surgit à présent d'un coup dans les ordinateurs,

 

Par le monde entier recueilli, son tribut

Dispersé au rêve imprimé qui jamais ne se tait

Si, dans la langue répétée par le celluloïd

Ou sur bande magnétique, rempart contre le temps,

 

Tel celui qui dans la mort perd la mort

Et qui perdu pour la vie acquiert la vie,

Dans la très vieille nuit il file encore

Parlant en vers à qui le surprit assis

 

Là près du volant de la grande auto

Enfant curieux de toutes les formes

Lui aussi venu de sa province,

Pier Paolo, et Federico magique, monstrueux

 

Pour la gloire de soi-même déchirant et vrai,

Poètes l'un et l'autre d'un temps qui n'est plus…

 


 

LE PARTISAN AVRIL

 

" Camarade, je porte le même nom

que ce beau mois - pâle jeune homme, il surgit

ainsi dans le rêve - qui des montagnes descendit

libérer les villes, quand la colère

 

fut justice impitoyable. Et aujourd'hui,

du fond du temps à venir,

en ce temps de vérités massacrées

de l'un à l'autre écran, dans la morgue et le mensonge

 

d'une cuite obtuse ennemie de l'histoire,

tu dois répéter cela, en cet instant, à qui n'a

ou ne semble avoir d'autre mémoire,

confondant sentence et pitié,

 

ignorant encore plus le choix d'alors : notre

histoire, la Résistance, fut la seule

dignité. "

 


 

" Congé, oui - mais pas seulement, je crois, de moi

à toi, de toi à moi, bien que, nôtre

ou de qui sait combien d'autres, un peu

congé à ces temps de gâchis et de noirs

 

rejetons de demi-vies brutes

scandées par des puces et des relais

en phase avec le marécage qui pullule et, bien

comme il faut, deux fois sur trois, bousille toute conscience;

 

mais ils vont de pair avec la pensée ces doigts

qui tapent, et le pied avec le souffle -

rien qu'une brève halte, la lente

fatigue, effarée peu à peu,

 

de ce qui est désormais notre montée commune,

est-ce là ce que l'œuvre à venir réclame ?… "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Iani df'Elia et Bernard Simeone