bibliographie
française de Cesare Ruffato: Poèmes d'un
temps sans nom, présentation et traduction de
Bernard Simeone in La Polygraphe n°15/16,
automne 2000
a cura di
Fabio Pusterla (edizioni Marcos y
Marcos, Milano, 2000)
Né en
1924 en Vénétie, Cesare Ruffato, longtemps
professeur à la faculté de médecine
de l'Université de Padoue, a publié, depuis
une quarantaine d'années, un grand nombre de
recueils poétiques tant en italien que dans un
dialecte padouan (porté à un rare
degré d'incandescence, au XVIe siècle, par
l'auteur et comédien Ruzante). Éruptive et
savante, humaniste et libertaire, élégiaque
et moraliste, l'uvre de Ruffato tend à
rejoindre par le langage un possible " discours du vivant
". Ses principaux recueils en langue italienne sont :
Temps sans nom (1960) La Vaniteuse
Planète (1965), Curème
(1969), Parole poupée (1983), Avant
pendant après (1989) et Éthique
déclive (1996). L'ensemble de sa poésie
en dialecte a été réunie en 1998 en
un fort volume intitulé Scribendi
licentia. ENSEMBLE À
présent tes mots sont noirs comme
la nuit et les
pensées guident des heures pleines de soleil
et d'ombres. Écoute le
silence lointain comme la
mémoire, arrêtons-nous
où il n'est aucun lieu. Entends, la terre
s'en va et laisse une
odeur de fleurs. Peut-être
dans cette nuit humaine sommes-nous
fixité brève qui perturbe le
temps. (extrait de Temps
sans nom)
Mais l'enfance
dans les bois reflète des
valeurs plus sérieuses à travers
la rime du rêve et des questions. Les signaux
explorent les séquences d'accès. Humblement se
révèle la courbe des miroirs qui avec tant de
soin renvoie les apparences indésirables
et la solitude vertigineuse. (extrait de
Transparences lumineuses)
Le sable coule
exsangue sur les feuillets en folie, les
perceptions déphasent, peu sûr est
le contrôle du cadran solaire; je remets entre
tes mains idéales quelques doutes
plausibles afin de chercher
l'autre corps l'autre
mort. Dans l'air
fardé davantage et qui s'emplit de toi je découpe
thèmes et cartes de ta naissance, le riz croquant
met en rimes ta manière
exotique de voir la plaine et ses
pustules - papa ne
t'énerve pas écoute ne fais pas de
tout ça un sanctuaire ce sont de pauvres
reliques d'un paradis perdu. (extrait de Avant
pendant après)
L'idée de
la première hirondelle sous le toit ce vingt
et un mars 1995 est pour moi une
autre hypothèse de lune l'annonce de sons
violets dans l'air
coupé par le froid, le mot même
d'humanité s'effiloche en traits d'un
silence blanc-glacé qui évoque
les manières de la mort dans le dialogue
mental d'un ciel tout en nuds
de néant. Devenir limpide et qu'authentique
me révèle toute lumière. (extrait de Sons
violets, inédit)
C'est
déjà la fin quand
s'évanouit le désir de
questions envahissantes quand l'horizon ne
frémit plus d'un lointain
retrait quand vieillit davantage
l'itinérance et que voix et souffle se
délitent en artifice. Dans le vertige
rauque la parole est une
haie glacée. (extrait de Sons
violets, inédit) |
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