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bibliographie française :

** La Contagion de la matière, traduction collective, Cahiers de Royaumont, 1989

* Poèmes in Lingua, la jeune poésie italienne, anthologie dirigée par Bernard Simeone, Le temps qu'il fait, 1995 (épuisé, en cours de réimpression)

* Natures et Signatures, traduit et préfacé par Bernard Simeone, Le temps qu'il fait, 1998


Poètes italiens présentés sur ce site par Bernard Simeone :


NEL PIENO GIORNO DELL'OSCURITÀ

antologia della poesia francese contemporanea

a cura di Fabio Pusterla

(edizioni Marcos y Marcos, Milano, 2000)


 

VALERIO MAGRELLI

 Choix de poèmes, présentation et traduction par Bernard Simeone
Présentation

Né à Rome en 1957, Valerio Magrelli est professeur de littérature française à l'Université de Cassino, après avoir enseigné à celle de Pise. Il a traduit Valéry, Debussy et Verlaine, publiant plusieurs volumes consacrés à la littérature française, en particulier la monographie Demeure de la pensée. Introduction à l'œuvre de Joseph Joubert (1995). Il dirige, aux éditions Einaudi, une série trilingue au sein de la collection " Scrittori tradotti da scrittori " - Écrivains traduits par des écrivains. Il a publié quatre recueils poétiques : Ora serrata retinæ (1980), Natures et signatures - titre original Nature e venature (1987), Exercices de typtologie (1992) et Notes pour la lecture d'un journal (1999)

 


Choix de poèmes

 

 

Comme un terrain piétiné, résonne

profond, creux et abandonné

comme une terre qui remue,

ce clair corps de femme,

comme un animal battu, ce dos

lustré par des mains muettes,

comme une pierre polie

par le cours d'autres pierres,

sans parfum et sans voix,

bouche faible et consumée

comme une plante élimée,

sans ombre, touchée de partout,

heurtée de partout, champ désolé

sans herbe et sans traces, sans bords

comme la douloureuse image de l'aveugle,

nue et suspendue, blottie

dans son cercle de solitude,

c'est le dernier fruit de l'amour

qui ne garde pour lui

que la déserte pauvreté de l'os.

 

(extrait de Ora serrata retinæ)

 


 

Tout visage photographié

est une image de guerre,

le point de tangence

entre l'avion ennemi et le navire

au moment qui précède l'explosion.

Figé sur l'instantané,

dans le contact flagrant de deux regards

immolé, pris

tandis que les flammes couvent déjà

dans le fuselage en grandissant

à l'intérieur de ses traits, il ne vit

que le temps nécessaire

pour accomplir la mission du souvenir.

 

 

(extrait de Natures et signatures)

 

 


 

Si pour t'appeler je dois faire un numéro

tu te transformes en numéro,

tu modèles tes traits

sur l'agencement auquel tu réponds.

Le trois qui se répète,

le neuf en troisième,

indiquent quelque chose de ton visage.

Lorsque je te cherche

il me faut dessiner ton image,

faire naître les sept chiffres

analogues à ton nom

jusqu'à ce que s'entrouvre le coffre-

fort de ta vive voix.

 

Tout à coup, tandis que je téléphone,

l'interférence perturbe le dialogue,

le multiplie, ouvre une perspective

dans le sombre espace

de l'ouïe.

Je me vois vertical, somnambulique,

en équilibre sur une fugue de voix

jumelles, enlacées,

surprises en plein contact.

Je sens la langue de la bête chtoniennes,

l'horrible tresse de mots, de phrases, le monstre

polycéphale et difforme qui m'appelle

des profondeurs.

 

(extrait de Natures et signatures)

 

 

© Valerio Magrelli et Bernard Simeone