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A lire sur le web, à propos de "Chutes de pluie fine":

A lire également, sur ce site 


Deux extraits du livre :

Au pays de l'eau et du lézard blanc

Beyrouth for ever

 

 


 

Chutes de pluie fine

Récit

par Jean-Michel Maulpoix

( Editions du Mercure en France, 200p. février 2002)

    Présentation du livre

    Mes bagages à peine déposés dans l’une de ces chambres d’hôtels où les sommeils humains se succèdent, ce sont les rues et leurs passants qui me réclament. Je marche à l’aventure, peu soucieux des itinéraires. Un carnet m’accompagne. De vol ou de route, il enregistre. Il retient les phrases de mes pas. La douceur de l’air sur la peau. Ou les méandres compliqués de l’amour et de la pensée. Toutes les villes voyagent dans mon corps.

    En route vers les lointains, je cherche le plus proche. Une averse dans l’intervalle… Des chutes de ciel, des chutes de signes : ma table d’écriture et d’orientation.

J.-M.M

     


    Petite météorologie d'un marcheur de mots

    par Guy Goffette,

    article sur Chutes de pluie fine et Le poète perplexe, publié dans La Quinzaine littéraire du 1er mars 2002

    Qu'il s'approche du roman (L’instinct de ciel), commente et analyse l’oeuvre de ses pairs (Réda, Char), accompagne un peintre (Henri Michaux: peindre, composer, écrire), qu’il trace des chemins de traverse dans le champ de la critique universitaire (Du lyrisme), Jean-Michel Maulpoix est et demeure avant tout un poète. Les deux livres qu'il vient de publier, un récit et un essai, nous le confirment sans conteste.

    Par son titre, le récit Chutes de pluie fine se désigne d'emblée au lecteur comme poème. Et c'en est un, en effet, prose et vers mêlés, une sorte de récitatif du voyageur solitaire, dont le coeur bat bien plus au rythme des mots et de la pluie qu'à celui de la marche et des fuseaux horaires. Certes, les villes où le poète se retrouve à l'occasion de colloques, conférences, lectures de Pékin à Rio via Beyrouth, Kiev, ou Bratislava, Stockholm, Manhattan, j’en passe, sont bien là, vivantes, posées sur leur socle de terre ou de béton, avec leur plein de «désastre et de merveille ». Mais Jean-Michel Maulpoix les traverse moins qu'il n'en est traversé, le corps ballotté au gré de leurs pulsations, bouleversé par leur détresse, déconcerté par leur pudeur ou leur impudeur, et sa langue en est toute secouée, qui se trouble, tremble et vibre comme « un instrument à cordes ». Des cordes « plutôt sèches », reconnaît-il, « mais capables . de rendre un bruit de pluie ». De là cette écriture toute en pointe, sonore et colorée, trempée de bleu, presque fluide à force et qui aspire encore au lavis : Ah, si je pouvais écrire pinceau plutôt qu'à la plume, moins crispé vers un sens que tremblant d'un toucher. Un poète, vous dis-je, qui adhère avec la plume, la peau, les yeux, aux bruits et aux couleurs du monde, non pour eux-mêmes mais pour se "reconnaître" à travers eux et trouver un sens à sa vie avant que la mort l’efface du chemin des hommes. Si bien que ce « carnet de route » où rien ne manque, tours, détours, nids de poule et impasses, et tous ces petits détails qui touchent à l’âme des peuples et que le touriste ignore : ce carnet où tout est consigné plus comme vérification du réel et de sa propre existence en ces lieux que comme images exotiques, ce carnet se change à la fois en bulletin de santé du monde, en viatique, en météorologie du cœur.

    Un poète, vous dis-je, mais qui ne se laisse pas plus prendre aux pièges du poème que le voyageur ne se laisse tromper par les mirages du voyage, dont il tire à mesure les leçons : Surveiller la fraîcheur de l’encre. Tenir compte de l’extrême fatigue du langage. Voyager à rebours, lentement ou très vite. Réclamer l’impossible et désirer le simple. Oser la notion de ciel intérieur. Cultiver l’aptitude au quotidien et saluer la beauté. Eviter de trop élaborer. Toucher à peine. Suivre le rythme. Se tenir en éveil avant de disparaître. Toujours garder en tête une averse de pluie fine. Un poète en définitive qui ne cesse de s’interroger sur ce qu’est la poésie, sur le pouvoir qu’elle a encore aujourd’hui et ce que c’est un poète, maintenant que « son aura et ion autorité » ont volé en éclats.

    Dans son essai Le Poète perplexe, Maulpoix constate que depuis le milieu du XIXe siècle la poésie française est entrée en involution (elle remonte vers sa source et vérifie le « vide porteur » dont elle procède). Cette mise en examen de la poésie par les poètes eux-mêmes est moins un effet, selon lui, de l’évolution du monde que de la désagrégation à leurs propres yeux de la figure du poète et de sa fonction dans la société. S’il tente ici de dresser le portrait du poète « à l’âge de la perplexité », c’est pour mieux cerner en quelque sorte le visage de la poésie moderne. Tâche complexe s’il en est, voire impossible, car une fois débarrassé des représentations naïves et populaires, les traits s’emmêlent, mille facettes se présentent et l’image ne cesse de varier, insaisissable en fin de compte comme le ciel que les dieux et les muses ont quitté mais qui reste un vif et changeant mystère. Et si l’on peut toujours en apparence ranger les poètes en deux catégories qui s’opposent : les « inspirés » et les « travailleurs », leur mélange est plus fréquent qu’on ne veut le reconnaître dans la pratique du poète, de quelque bord qu’il soit.

    Multipliant les exemples et les interrogeant avec autant de sensibilité que de rigueur – et voici Ponge, Jaccottet, Deguy après Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, voici Supervielle et Schéhadé, du Bouchet, Nathalie Sarraute et Novarina – Jean-Michel Maulpoix montre que derrière les masques et loin des chapelles, les poètes, qui habitent tous la même maison sans mur ni toit ni porte, s’accordent finalement sur le fait de chercher, chacun à sa manière, « la force de l’invisible qui est attestée par l’écriture et par elle seule », comme l’écrit Botho Strauss dans L’Incommencement. Et si « la poésie est inadmissible » (dixit Denis Roche), c’est bien que son existence de grain de sable continue de déranger et qu’être poète en ce temps de laminage de la pensée par le profit est encore une façon de résister, d’être, comme disait Achille Chavée, « un vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne ». Ce que démontre, preuves à l’appui, clefs en mains, le vibrant essai de Jean-Michel Maulpoix.


    Chutes de pluie fine

    article de Jean-Louis Ezine dans Le Nouvel observateur du 1er mars 2002

    Ce récit d'un tour du monde a déjà le parfum de cuir et de mélancolie qu'emportent souvent sur leurs talons les grands voyageurs. Jean-Michel Maulpoix est d'abord un poète, et les poètes, comme les voyageurs, ont le génie de la vie fossile. Il est de cette tribu d'orgueilleux dont les fantômes hantent les navigations en chambre et la rêverie enclose dans les bibliothèques. Dans les pas ineffaçables de Rimbaud, Michaux and Co, l'auteur a fait lui aussi l'expérience des lointains. Et ses récits qu'on dirait jetés en vrac s'organisent comme par magie en table d'orientation."


    De l'interview à la création future

    Article dans "Le Mensuel littéraire et poétique", par Thierry Genicot

    (Annonce de la soirée du Lundi 25 mars 2002, à 20h30, en partenariat avec La Chambre d'Ecoute) - Jean-Michel Maulpoix dialoguera avec Monique Dorsel et Thierry Genicot - Lecture: Monique Dorsel - Montage radiophonique: Thierry Genicot

    C'est au Théâtre-Poème que j'ai fait la connaissance de Jean-Michel Maulpoix. Avec Martine Broda, ils étaient venus parler du lyrisme contemporain. Ensuite, c'est à Paris, chez son éditeur, au Mercure de France, que j'ai interviewé le poète à propos du recueil "L'instinct de ciel". Je me souviens être passé d'un face à face -parole nue au micro- à une recherche, toujours micro ouvert mais un peu laborieuse parce que l'ordinateur n'était pas assez puissant, du site internet www.maulpoix.net <http://www.maulpoix.net> et à tous ses liens. Un autre jour, accompagné de Céline Flécheux, je me suis rendu à Mareil/sur/Mauldre dans la demeure patricienne, dans la bibliothèque, dans l'atelier de peinture, dans le verger du poète. Je tiens également ces plans sonores. Je me souviens enfin que cette visite s'est conclue en une promesse qu' un jour, Jean-Michel Maulpoix et moi-même, réaliserions une émission radiophonique.