à
                                la seconde de son apparition, l'orée des années
                                blondes et des instants très vrais, un voile
                                d'eau sur les yeux du rêveur et la beauté de
                                plus belle
                                •
                                les
                                feux sauvages couvant des siècles avant que
                                l'homme sur terre, les alezans du vent et la
                                veine ouverte du volcan, l'aurore boréale ou la
                                lumière nordique (justice à ses cheveux)
                                •
                                elle
                                dans des yeux nés pour la voir, les mondes où
                                vivre exact, la terre aimée et les silences, un
                                espace de confiance
                                •
                                la
                                menait-il sans mot à l'eau de la rivière
                                (l'enfance), méandres invisibles et poids du
                                soleil, le temps se recousait et les mondes
                                avaient lieu
                                •
                                et
                                s'il penchait ses traits sur ceux de l'eau, le
                                visage blond en sourdait, traits de l'amour précis
                                et musique invisible
                                •
                                quant
                                à savoir qui d'elle ou de lui, elle toujours,
                                par la force des choses et pour que le temps
                                soit
                                •
                                il
                                n'aimait rien de lui qu'il ne préfère en elle
                                •
                                ce
                                qu'il était peut-être en son silence abrupt,
                                il s'en souciait comme du dernier flocon, d'une
                                guigne ou bien de choses sans importance
                                •
                                ce
                                que ses larmes lui apprenaient de lui, il s'en
                                serait passé, l'aurait laissé brûler près de
                                l'eau en silence
                                •
                                il
                                aimait moins ses paumes indignes d'elle que le
                                vent du soir à l'encontre des épaules blondes
                                •
                                auprès
                                d'elle et près de la rivière, en un jardin de
                                roses ouvertes vraies, brassée de clair sous le
                                ciel et par l'eau douce des choses
                                •
                                hauteur,
                                beauté, intensité, tous les accents étaient
                                sur elle et le silence du monde
                                •
                                ce
                                qu'il pouvait bien dire de lui par égarement ou
                                par faiblesse ne comptait pas, les accents étaient
                                blonds et bleu le ciel où vivre
                                •
                                il
                                y a plus beau que l'or puisqu'il y a elle
                                •
                                il
                                chérissait surtout les moments non loin d'elle,
                                légers carats de temps, pas d'autre musique que
                                le silence, rêve et chanson précise
                                •
                                les
                                images sur elle plus qu'aux lèvres qui
                                l'aimaient, des mondes plus blonds que le noir
                                d'encre de ses cheveux à lui, l'incendie et la
                                grâce plus que la cendre ou que la nuit
                                •
                                quant
                                au silence sous le silence, la paix profonde
                                dont il était le lieu, il n'y atteignait que
                                par elle, intercession en blond, entremise
                                claire
                                •
                                pour
                                rendre ses pas en chemise blanche vers le bois
                                clair du fjord sous la lune dès le soir, le rêve
                                d'une encre blonde, de mots qui disent enfin
                                •
                                la
                                baie au loin sous le bleu (tout ce pouvoir aux
                                mains de la lumière), il la regardait sans la
                                lire ni même chercher à la connaître jamais
                                •
                                pour
                                un matin à ses côtés, un seul, pour la lumière
                                ès-ses mains, noces de l'or et du lait, mille
                                fois le pire des nuits, l'encre noirée et
                                volontiers le vacarme du temps (ses battements)
                                •
                                principe
                                des crépuscules, elle se couchait dans les
                                draps souples de la brume et se réveillait nue
                                dans le lit d'or des rivières
                                •
                                les
                                moments sans rien et les très pauvres heures,
                                il les passait aux environs de son visage à
                                simplement se taire, une bougie sur la table
                                •
                                à
                                ces heures dénuées, temps de grand silence
                                bleu, le bel amour qui est aussi la transparence
                                du jour
                                •
                                jamais
                                un mot plus haut que l'autre, une ligne de
                                musique et l'équilibre des choses, le feu de la
                                flamme d'une bougie qui soit aussi le vol d'une
                                chevelure, l'anniversaire de la princesse
                                
                                
                                •
                                elle
                                et lui aux heures romantiques, le soir éteint
                                et le monde en allé, la table de bois clair et
                                la bougie nécessaire
                                •
                                à
                                la dernière bougie mouchée par le premier vent
                                d'aube, sur les lattes de la table sans vernis,
                                des stalactites en blanc, comme les larmes de la
                                neige
                                •
                                elle
                                s'adonnait au plus aux seules notes très
                                petites, toute fin de la musique et début du
                                grand chant
                                •
                                cette
                                route à l'intérieur qui allait vers nulle
                                part, il la longeait surtout pour la traduire
                                vers elle, tendresse à jamais et rivière de
                                silence
                                •
                                l'entrée
                                dans le pays profond et l'accès blond, il les
                                demandait sans rien dire à ses yeux de beauté,
                                parfum vrai du jour et langage bleu des fleurs
                                •
                                première
                                nervure des herbes, elle s'arrêtait au tout
                                bord du chemin et parlait sans un mot à ses
                                petites soeurs les fleurs, lilies et
                                marguerites
                                •
                                un
                                peu / beaucoup / à la folie mais nulle passion
                                à l'attachement du chèvrefeuille, un parcours
                                libre, une tendresse d'éclair
                                •
                                
                                
                                petit
                                à petit, le sang des bougies se tait, le temps
                                fond en lui-même, la nuit s'avance et c'est
                                soudain le soir
                                •
                                par
                                la grâce de sa beauté vers le crépuscule,
                                reflet de glace l'hiver sur le fjord, des pleurs
                                lui venaient tout soudain qui ne savaient se
                                taire
                                •
                                au
                                collier qu'elle tenait en sautoir à son cou, le
                                fil du temps et les perles des larmes
                                •
                                ce
                                que ses larmes avaient peut-être à lui
                                souffler en silence pour rien, elle ne prenait
                                pas le temps de l'entendre mais filait dans la
                                nuit subreptice, invisible, à la norvégienne
                                
                                
                                •
                                
                                
                                mille
                                fois d'abord le vent et sa tristesse trop seule,
                                le nom rivière de camilla gjørven, l'étoile
                                du nord et le chemin perdu, préséances blondes
                                •
                                il
                                ne se rendait pas au nord en lui (la sente en
                                bleu et le silence très simple) mais n'allait
                                tout au plus qu'à l'exact contraire des mots
                                dont il avait rêvé, impasse et fausse route
                                •
                                et
                                pour seul trésor pauvre, une encre éteinte,
                                des sons qui ne trouvaient musique, mains trouées
                                par où fuyaient les mots qu'il aurait souhaité
                                dire, rivière du blond et accents de duino
                                •
                                de
                                cette mer précise qu'elle était, la norvège,
                                il n'avait ni l'eau ni les vagues, la clé, rien
                                que le souvenir, laisse et écume
                                •
                                quant
                                à l'impossible dans la vie (elle revenant à
                                leur paix tant aimée, leurs doigts tissés en
                                reverdie), il le rêvait comme il pouvait,
                                souvent mal et sans mot
                                •
                                
                                
                                le
                                ciel était vide, la rivière sans eau, veuves
                                les étoiles de jour
                                •
                                la
                                loi de perte voulait ceci : ses larmes ne séchaient
                                pas, ses doigts le quittaient, l'encre gelait
                                ses veines, il n'y aurait que lui
                                •
                                ce
                                qu'il avait perdu (ce qu'il était), il ne
                                savait en retrouver la voie mais pouvait tout de
                                même en rallier la route rouge, accents du
                                chant et traits de son visage
                                •
                                le
                                haut chant triste, la pluie l'entonne en silence
                                et la neige en flocons, note sur note et
                                composition sombre
                                •
                                ce
                                coutelas de douleur, il se voyait mal s'en délester,
                                le reléguer, voire s'en faire l'exception, la
                                route passant aussi par ce fil
                                •
                                à
                                perte de nord, on le verrait errer sans raison
                                et sans but, laissé de tous, lassé de lui
                                •
                                jusqu'au
                                matin fermait ses portes, les rivières étaient
                                nues, le silence sans défense
                                •
                                vega
                                si l'on veut, la lyre et le chariot, les moutons
                                blancs des marées sous l'étoile du berger mais
                                un ciel malgré tout sans étoile et sans nord,
                                un espace vide, jachère de rien
                                •
                                né
                                d'un manque, ouvert par perte, ne sachant pas et
                                ne trouvant jamais, il ne voyait le monde que
                                voilé de ses larmes et de mal, de sang en lui
                                et de silence brutal
                                •
                                il
                                ne savait que faire, les mondes se détruisaient,
                                tout se fermait par une clé d'impossible,
                                malheur et songe
                                •
                                quant
                                au grand silence blanc que lui tendrait sa mort,
                                l'empire des neiges, il lui en voulait plus que
                                tout de lui dérober l'amour
                                •
                                aveugle
                                à canne blanche sur la neige
                                •
                                
                                
                                fil
                                de l'encre, fil des larmes, confluence terre
                                blonde
                                •
                                l'or
                                du visage, les sillons des empreintes sous les
                                doigts qui caressent, l'iris de l'oeil qui
                                regarde mais tout de même les larmes
                                versées pour identité vraie
                                •
                                ce
                                qu'il ignorait de lui, ses larmes le devinaient
                                davantage que les sibylles en leur antre, que la
                                place saint-marc du café ou le cristal de la
                                gitane (les lames d'épée du tarot) mais
                                l'emportaient au fil des joues, le laissant
                                seul, inconnu et sans rien, privé de tout, ôté
                                de lui
                                •
                                il
                                ne s'agissait pas de contrer les larmes qui le
                                dansaient, de les tarir ou de les taire mais au
                                revers de les vivre libre, les traverser sauvage
                                •
                                de
                                l'eau des pluies ou de celle des larmes, leurs
                                cousines en petit, il ne savait au juste quelle
                                était la plus pure et celle de son baptême précis
                                •
                                calmement
                                calmes, simplement simples, seulement seules,
                                larmes de cœur
                                •
                                via
                                la route la plus exacte, le raccourci de fer et
                                la gangue de la foudre
                                •
                                pleurs
                                pour pleurs, les larmes le traversaient sans se
                                soucier de lui mais en se souvenant d'elle et
                                cela seul comptait
                                •
                                aussi
                                peu que les pleurs puissent dire, au plus près
                                du silence, le plus exact des larmes
                                •
                                il
                                se devait aux pleurs qu'il était, la saison
                                lourde, sac et pillage du sang, cœur crevé et
                                croix du malheur, immense silence du temps
                                •
                                larmes
                                des mots, rivière du temps, passerelle de lin
                                et cours d'eau des silences
                                •
                                comme
                                l'eau dans l'eau,
                                le feu dans le feu et le silence dans le
                                silence, jusqu'aux larmes pleuraient, l'intérieur
                                de l'eau, fibre et matière des choses
                                •
                                les
                                larmes ne troublent pas le cours de l'eau mais
                                s'y diffusent sauvage, s'y perdent ou bien s'y
                                trouvent, s'y noient sans doute, les rivières
                                pleurent aussi
                                •
                                de
                                chacune de ces îles qu'on disait nées des
                                larmes des dieux, il était l'insulaire
                                malheureux, l'échoué dévasté, le robinson détruit
                                •
                                aux
                                heures les plus vives, l'acmé du mal, la charge,
                                ses mains elles-mêmes pleuraient, crue des
                                larmes et rivage impossible
                                •
                                de
                                l'aubier à l'écorce, du ciel à l'azur et de
                                l'or même au blond, moins de distance que de la
                                larme à son pleureur
                                •
                                le
                                mot de neige dans celui de norvège et
                                le silence dans la musique
                                •
                                les
                                larmes pleurent même le pouls de la rivière,
                                la voix des fleurs et le murmure des mers, les
                                larmes pleurent tout
                                •
                                à
                                force de tant et mal pleurer, des ravines sur
                                ses joues, un passage pour le mal et la foudre
                                du silence
                                •
                                le
                                fil du temps par le chas de l'aiguille des
                                montagnes de norvège
                                •
                                la
                                mer pleure moins que le fleuve et la rivière
                                moins que le ru ou que les gouttes de l'eau
                                •
                                qui
                                pleure le plus pleure le moins
                                •
                                à
                                la palette de sa tristesse, les pleurs de
                                boabdil, le rose blessé des murs de troie,
                                chacune des teintes de la défaite, des larmes
                                de la couleur de l'arc-en-seul
                                •
                                nuit
                                obscure, jarre du pire, vase florale des rivières,
                                abysses du pétrole ou adret des versants, tout
                                était cousu de fil blond
                                •
                                pas
                                des pleurs d'une nuit d'encre, des larmes de la
                                couleur de ses cheveux, le blond définitif
                                •
                                au
                                tamis de son encre, les parcelles de la fine
                                douleur, ses particules et pour finir la nature
                                même de l'or, des larmes de la nation du blond
                                ou de la pluie en feu, oriflammes mouillées,
                                armoiries liquides
                                •
                                les
                                pleurs que l'on verse pour une femme blonde sont
                                des larmes en or
                                •
                                les
                                larmes sont proches de l'invisible comme le
                                blanc l'est des neiges de là-haut, du lait des
                                vaches sacrées de l'inde ou des murailles
                                aimantes du taj
                                •
                                si
                                certaines larmes font croître le chèvrefeuille
                                qu'elles lancent vers le ciel, d'autres l'achèvent
                                plus sûr, l'arrêtent, l'empêchent, le noient,
                                l'enfoncent dans ses artères, le tuent de
                                parfum blond
                                •
                                sève
                                oblige, les lèvres du chèvrefeuille se doivent
                                aux mots nus, musique simple et parcours dans le
                                temps
                                •
                                ce
                                grand bleu de silence et de calme, la route de
                                neige et le destin des veines, comme un parfum
                                de chèvrefeuille, le galbe des ombres du taj
                                mahal
                                •
                                ce
                                que l'aiguille de la boussole déchire en lui,
                                son frétillement d'acier au pôle (l'or du
                                nord), les murs du taj et les ailes vertes du chèvrefeuille
                                •
                                à
                                de certaines heures trop lourdes, un niagara de
                                larmes, une tristesse pour la norvège mais
                                l'amour malgré tout, un taj mahal de chèvrefeuille
                                •
                                le
                                blanc des formes du taj mahal autant que le
                                rouge vif des baies du chèvrefeuille, trois
                                gouttes de sang sur la neige, rive ténue,
                                fine musique
                                •
                                le
                                chèvrefeuille ou bien le taj mahal, quoi qu'il
                                en soit les mondes purs, quelque chose du cœur
                                et du nom de camilla gjørven
                                •
                                au
                                nord du nord, plus loin que la neige infinie,
                                les noces de l'inde et des norvèges, un chèvrefeuille
                                à la blancheur de taj, une plante enfin
                                sentimentale
                                •
                                
                                
                                il
                                leur donnait sans regret la lumière et le sud
                                qu'ils goûtaient pour prendre solitaire des
                                routes de nord et de mort
                                •
                                
                                
                                qu'ils
                                brûlent du feu d'excès de leurs étés, du
                                soleil brut de leur orient, ardeur des villes
                                d'empire et royaume de cigales, se fondent
                                hiroshima à leur folie de sud mais de grâce
                                dieu m'accordent par pitié pure ce nord aimé
                                au-delà des raisons qui est mon chemin blanc,
                                neige la plus pure foulée par âme et mon
                                portrait le plus intime, miroir enfin où je ne
                                serais plus (propos du chèvrefeuille)
                                •
                                qu'ils
                                cessent malades sous le crime qu'est l'été, la
                                furie des lumières et se soûlent à périr du
                                sud qui les prend mais me laissent filer libre
                                vers le blanc de la neige, mon visage en très
                                calme et tout autant le chant de mon silence (vœu
                                de chèvrefeuille)
                                •
                                que
                                leur été les prenne et qu'ils s'enivrent à
                                plus soif de feu solaire si tel est leur lot de
                                lumière mais me permettent de rêver tout au
                                nord ma petite étoile vive, astre du sort et de
                                mes lignes, grande vie réelle et blanche, mon
                                vrai visage sous le silence (incise du chèvrefeuille)
                                •
                                qu'il
                                se consument au feu dément de leur lumière,
                                que l'épée de l'été les traverse, les
                                crucifie si tel est le rêve qu'ils en ont (les
                                traits de leur visage) mais par pitié le
                                silence et le calme, grande paix blanche au nord
                                de tout et unique pétale à la rose blonde des
                                vents (souhait de chèvrefeuille)
                                •
                                ...qu'ils
                                se gavent de sud à plus faim et se brûlent
                                d'orient, songes et lumière, mais que nul ne
                                profane le blanc qui est le visage vrai, la clé
                                parfaite qui n'ouvre rien...
                                •
                                ...
                                mon nord qui est mon visage doux, ma paix aimée
                                et route plus douce que soie puisque la neige en
                                est, été du blond...
                                •
                                au
                                sud de leur sud, un orient de mille et une lumières
                                mais pas la teinte précieuse qu'elle seule détient
                                et le miracle en or (un lieu enfin sans sud, un
                                pays bleu sans ombre)
                                •
                                le
                                feu de l'été (tout ce sud), il était loin de
                                le confondre avec son or à elle, entaille vive
                                et défaite qui n'aurait pas de fin
                                •
                                plus
                                que le dard de leur été et la lumière de leur
                                suds ou orients, la mer du nord et partant l'éclat
                                de ses yeux
                                •
                                
                                
                                pour
                                unique flèche à éros, l'aiguille de la
                                boussole fichée plein nord
                                •
                                
                                
                                on
                                le saurait par son amour aimant du nord, grand
                                songe de blanc sur la rive plus précise et
                                delta de la neige, par le silence enfin dont il
                                était capable, haleine de brume sous ses lèvres
                                muettes par haut froid
                                
                                
                                •
                                
                                
                                saumon
                                de sa mémoire, il remontait à force de muscles
                                l'amont brutal des mers pour renouer sauvage
                                avec les eaux de sa naissance et mourir libre au
                                moment de l'amour, note précise et déchirure
                                de l'eau
                                •
                                pour
                                ce qui est du songe en or(aimer), il ne prétendait
                                pas en être le rêveur mais rêvait juste d'en
                                être le rêve
                                •
                                quant
                                au grand songe qui l'avait pris, pur chant de
                                blond et de silence, il le laissait le parcourir
                                sans opposer de résistance
                                •
                                jamais
                                aussi peu lui-même qu'en silence vers le nord
                                à errer dans la neige, jamais aussi heureux
                                •
                                que
                                le feu blanc le prenne, que le silence
                                l'emporte, l'empoigne dans sa torche et
                                l'abandonne perclus tout au bord de nulle part
                                (l'invisible)
                                •
                                auréolé
                                de tant de neige, il n'en brûlait pas moins
                                dans le feu du silence
                                •
                                ici,
                                au nord, où croissent des fleurs pour les
                                yeux de personne, la neige sauvage, l'eau
                                libre et le vent qui ne sait obéir
                                •
                                vers
                                le pays très seul qui est aussi la lande des
                                larmes, la neige exacte sous le pas et la rive
                                la plus blanche du clavier (vers un soleil de
                                neige)
                                •
                                
                                 
                                
                                le
                                nord se passait de ses mains pour s'écrire, le
                                traversait sans mal et s'inscrivait invisible
                                sur la neige de la page, simple sans un bruit,
                                flocons d'accents et puis toute petite musique
                                claire
                                •
                                au
                                très large des côtes où rien n'est très
                                possible et le silence très bleu
                                •
                                son
                                journal du nord, la neige l'écrirait à sa
                                place en des mots invisibles
                                •
                                
                                
                                au
                                nord de tous les nords, de l'autre rive des
                                neiges, une contrée sauvage et libre, une terre
                                bleue
                                •
                                son
                                corps placé au plus nord, il n'en saurait pas
                                davantage sur elle, n'entrerait pas dans le mystère
                                aigu, la blessure si profonde et le songe aussi
                                bien, mille notes de musique mille fois
                                •
                                il
                                l'appelait où elle ne viendrait pas, les mots
                                qu'il ne pouvait et le grand silence nord, hiver
                                mieux que l'hiver
                                •
                                au
                                nord parce qu'il le faut, en un pays plus loin
                                que l'empire des airelles et le blanc de la
                                neige, vers l'impossible absolument
                                
                                
                                •
                                dans
                                le pays qui n'est pas, même le lait est
                                d'un noir de pétrole, l'hermine souille la
                                neige
                                •
                                au
                                nord du nord de lui-même, au plus extrême des
                                routes qu'il y eut et par le silence blanc où
                                les mots ne vont pas
                                •
                                moins
                                noir sur blanc que blanc sous noir : toujours
                                d'abord la neige
                                •
                                
                                
                                sur
                                son métier à aimer, à sa trame de silence, il
                                ne croisait pas les péans glorieux et les
                                hymnes trop hauts mais tissait volontiers en
                                concert les toiles d'araignée des rosées de
                                norvège et les fils de la vierge, voix plus
                                minime sous le ciel, quasi déjà musique
                                •
                                quant
                                à chanter plus haut, il ne pouvait simplement
                                pas, baissant la voix vers les choses plus
                                petites, murmure des bulles à la surface
                                profonde de l'eau ou même haleine du vent
                                •
                                ce
                                qu'il avançait d'elle, il le glissait discret
                                sans en faire une histoire au vent du jardin
                                bleu et le soufflait 
                                aux très petites musiques, tibia ou
                                flageolet, triangle d'or en forme de cœur et
                                quadrature du cercle
                                •
                                par
                                le ténu et par le fin, via le chas du cœur,
                                chemin minime et route la plus petite qui soit,
                                guéret de l'encre et passage vrai des pleurs
                                
                                
                                •
                                
                                
                                par
                                seulement les notes d'une musique aussi grêle
                                que les gouttes de la pluie ou les larmes,
                                jusqu'à peut-être l'invisible, les rives
                                blanches du silence
                                •
                                on
                                ne pleure pas en majuscules ou en gestes de théâtre,
                                le chemin seul se vit dans le grand silence
                                vide, fifre moins que tambour
                                •
                                par
                                des brins de mots simples, une misère d'encre
                                et les accents les plus fins qui se tissent, un
                                ruisseau d'invisible, une musique légère, légèrement
                                •
                                là
                                où se donnent rendez-vous les fleuves criminels
                                et les poignards des autres mondes, l'encre d'aimer
                                et le vaste silence qui prend tout
                                •
                                à
                                placer ses accents, il ne cherchait au petit
                                jamais que le chas de l'aiguille de son cœur,
                                chanson et destruction, flamme claire en sa
                                toute naissance sombre
                                •
                                il
                                posait moins ses mots sur la peau de la neige en
                                un jeu de brindilles, un mikado d'osier, qu'il
                                ne passait par eux pour disparaître afin qu'il
                                n'y eût qu'elle
                                •
                                humble
                                comme l'herbe ou bien la neige, servant d'une
                                encre vers elle, page de la page et
                                sherpa des grands monts de norwège
                                •
                                dire
                                le très grand amour par les mots très petits
                                •
                                à
                                la toute fin de tout (l'enfance), il deviendrait
                                le premier mot de la première conjuguaison, le
                                petit verbe chéri : j'aime / tu aimes / il
                                ou elle aime
                                •
                                la
                                route où la nuit d'encre croisait l'or de norvège
                                (la sécante de la foudre), il se devait de
                                l'emprunter sauvage, destin de velours, pure
                                perte et grand fleuve libre
                                •
                                il
                                ne posait jamais de majuscules à la naissance
                                du souffle et passait très en hâte au large
                                des mots de sept lieues pour s'en tenir plus
                                pauvre à de simples silences, été le plu fin
                                à la pointe de l'aiguille et musique si légère
                                •
                                plus
                                que les orages d'encre, l'ondée fine des
                                voyelles / plus que les majuscules, les
                                minuscules / plus que l'ordre des raisons les
                                mots rouges que l'amour dit en nous
                                •
                                rivière
                                de diamants des étoiles ou bien pas, rivière
                                d'enfance à la pierre blanche ou non, il
                                n'y avait de rivière sans rivale que celle de
                                ses cheveux en feu
                                •
                                ce
                                qu'il disait d'elle, chant blondé, lai de la
                                voie lactée et blanc des murs
                                •
                                pour
                                rien au monde n'enfreindre le serment d'amour,
                                justesse des lèvres et tendresse de la main qui
                                caresse
                                •
                                honni
                                soit qui mal y aime et ignore tout des larmes,
                                brasseur de vent, parleur de vide
                                •
                                une
                                langue tissée de silence et qui aime, paix
                                blonde et calme vif, seuil de tout et des choses
                                incertaines
                                •
                                on
                                ne perd pas le nord, on se perd en lui, on
                                continue sauvage
                                •
                                qui
                                vit le poids du seul connaît aussi celui des
                                larmes
                                •
                                à
                                de certaines heures plus profondes que schubert
                                ou que brahms, même le silence pleure, la lumière
                                •
                                on
                                ne pleure pas en silence, on pleure le silence
                                •
                                on
                                ne pleure pas avec les yeux, on pleure avec le cœur,
                                les larmes sont le sang invisible
                                •
                                parce
                                qu'il faut que cet amour soit dit, que les mots
                                le rencontrent et que l'encre le rende, parce
                                que
                                •
                                il
                                faut que le silence ait lieu, il faut que tout
                                soit parce que tout vit, et le plus clair du
                                chant et le très fin du sang
                                •
                                il
                                faut que les larmes larment, que les pleurs
                                pleurent et que saigne le sang, il faut que le
                                pur mal ait lieu
                                •
                                à
                                l'invisible nul n'est tenu mais tous se doivent,