Judith Chavanne
Gestes
et oiseaux, fleurs et mots.
(extrait)
La
démesure de ce qu'un être un jour ressent,
il
se demande comment loger
cela
en lui, sa cavité.
C'est
comme le ciel tout entier qui pèserait
sur
la ravine,
voudrait
s'y faufiler.
On
trouve heureusement au jardin
des
fleurs étrangères à tout épanchement,
des
tulipes
à
la poussée si pleine de rectitude,
dont
le bulbe, l'origine tint au creux d'une paume,
tandis
qu'on serrait
l’outil
à retourner la terre de l'autre main.
On
avait noué,
c'était
au temps frileux des derniers jours de mars,
une
écharpe au tronc du bouleau.
Habiller
l'arbre de laine
on
eût dit un appel
à
la mémoire fouillant un autre geste dans l'ombre
quand
la nuit, l'amour, dans les rues ventées,
trouva
son mouvement peut-être le plus sûr :
l'un
avait passé l'écharpe au cou de l'autre,
un
peu de sa chaleur demeurant dans la laine.
(extrait
d'un poème publié dans le n°74 du Nouveau recueil)
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