"Faut-il
oublier Valéry, demandait Marie Joqueviel-Bourjea, en reprenant une formule d'Yves Bonnefoy, à l'occasion du
centième numéro des Etudes valéryennes, revue que publie
l'Université Paul Valéry, à Montpellier"
Voici ma
réponse à sa question :
J’aime Valéry pour
toutes les raisons que l’on peut avoir de l’oublier.
Pour sa magnifique tenue,
son allure de corps et de langue, du bout des vers au bout des ongles,
homme de lettres vieillot avec bague et cravate, comme vêtu de sa tâche
et de la noble idée qu’il s’en fait.
Pour sa façon de dire adieu
au poème, en y mettant les formes, et en conservant malgré tout
sa piété aux vingt-six lettres de l’alphabet, ainsi qu’il
l’avait appris de son maître Stéphane Mallarmé.
Pour son goût de l’appareillage
et des « étranges combinaisons », des liaisons et des
tissages : grappes d’images et groupes de pensées, assemblés
pour le plaisir double des sens et de l’intelligence.
Pour sa manière obstinée
de poursuivre le possible tel qu’il nous importe, de chercher sans
cesse à accroître son « pouvoir de transformation » et
sa capacité de faire,
contre les inerties, contre les résistances, contre tous les découragements.
J’aime en ce disparu
lointain un contemporain capital qui poursuit le combat.
Jean-Michel Maulpoix
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