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Miguel CASADO  

THÉORIE DE LA COULEUR

(extrait)

traduction Jean Gabriel COSCULLUELA  

 

Miguel Casado

Parfois, sur quelques pentes,

la couleur s’arrête

à de soudaines limites. Un souvenir

brisé et étrange

de terres de vignes que les feuilles

cachent ou d’ oliviers

ou l’absence soudaine

d’ aiguilles de pin.

Sur quelques pentes; la couleur

s’arrête, et il n’y a rien.

 

Aucune peau ne se fait signe;

comme un squelette, la terre

est nue, les pierres

roulent comme des yeux, mots

pour ne plus rien dire. Rien

n’est plus éloigné du silence que ces sonnailles

de rien, que cette poussière

de tant d’images.

Rien rien au-delà du silence.

 

Sur quelques pentes, la vie

s’arrête,

sans aucun lieu.

 

 ***

 

Il fait déjà nuit dans la rue

mais leur parvient encore de la rue

le bruit des heures habitées. Ils sont

sous l’ampoule électrique, appuyés

sur les coussins sombres, presque couchés,

il est un peu tôt. Des livres

dispersés sur le lit,

par terre, des crayons, des cartes postales

avec des peintures dont ils se servent

comme marque-pages. Ils tournent les pages

en silence, écrivant

une petite note.

Lui bouge beaucoup,

change de place, touche son visage.

Elle reste tranquille.

Soudain un geste léger,

un murmure, et l’un demande à l’autre

ce qui se passe, l’autre désigne un paragraphe,

ils le lisent; un consentement, parfois aussi

un commentaire plus long, ils reviennent

sur certaines pages, ils comparent.

Plus tard, ils tombent d’accord

pour éteindre la lumière.

 

 ***

 

Avec le temps, la couleur

change

et reste à définir; on cherche ses secrets,

ses règles, ses mesures, ses retards,

parfois ses échecs.

Les yeux incertains et le regard,

le passage des glacis, des noms,

des lointains. Reste la tension du regard, la fragilité

de la pensée dans le vif désir du réel,

dans le risque même

d’inventer, avec des visions, les réponses.

(...)

Lire la suite de ce long poème dans Le Nouveau recueil n° 75